Wanactu
Mardi 13 décembre 2005
Douze femmes alitées deux mois à Toulouse pour préparer la conquête de Mars
Douze femmes qui ont passé deux mois alitées à Toulouse dans le cadre d'une expérience scientifique internationale destinée à
préparer les futurs vols habités vers Mars, ont témoigné mardi lors d'une conférence de presse à Toulouse de leur fierté de
participer à ce projet aux retombées médicales directes "sur terre".
Venues de Finlande, de Suisse, d'Ecosse, et de France, ces femmes, âgées de 25 à 40 ans, sont restées allongées 60 jours en
octobre et novembre à l'hôpital de Rangueil à Toulouse, la tête plus bas que les pieds, subissant plus de 180 tests différents.
Une premier groupe de 12 femmes avait déjà subi ces expériences au printemps dernier, dans le cadre de l'étude, baptisée Wise
(Women International Space Simulation for Exploration).
Il s'agit pour la Clinique spatiale de l'Institut français de médecine et de physiologie spatiale (Medes) de tester les
moyens de lutte contre les effets de de l'impesanteur sur l'organisme des astronautes, dans l'optique de futurs longs voyages
vers Mars. Et ce notamment à travers l'étude du rôle de la nutrition et des exercices physiques.
"J'ai donné un peu de moi pour les futures femmes cosmonautes", s'est réjouie Martine Riou. Stéphanie Gacher, 31 ans, s'est
dite "fière" d'avoir pu toucher du bout des doigts son rêve d'enfant de devenir cosmonaute.
Les douze volontaires avaient été réparties en trois groupes: un premier bénéficiant "d'une nutrition enrichie en protéines
et acides aminés ramifiés", un deuxième soumis à un régime de 48 types d'exercices musculaires, et un groupe "de contrôle".
L'étude était menée pour le compte des Agences spatiales européenne (Esa), française (Centre national d'études
spatiales-Cnes), américaine (Nasa) et canadienne (CSA). Elle visait notamment à mesurer les effets de la position alitée la
tête en bas, qui recrée les conditions des vols spatiaux en impesanteur, sur les muscles, les os, le coeur, la tension
artérielle, la coordination des mouvements ou la composition sanguine.
Les premiers vols habités vers Mars, à l'horizon 2030, exposeront les cosmonautes à l'impesanteur et à une gravité trois fois
supérieure à celle de la terre. "Il est vital pour nous de conduire ces études très en amont pour ces missions qui dureront 8
mois", a expliqué Didier Schmitt, responsable de l'unité science de la vie à l'Esa.
Victor Schneider, de la NASA, a salué "une expérience très fructueuse" et souligné ses retombées sur la santé publique,
notamment dans le traitement des maladies cardiovasculaires ou des maladies dégénératives osseuses telle l'ospéoporose.
Douze équipes de 11 pays ont travaillé sur Wise, dont les résultats seront publiés sur plusieurs mois.