"Immense succès" des expérimentations de Pesquet dans l'ISS
AFP, publié le mardi 03 octobre 2017 à 16h23
Thomas Pesquet s'est réjoui, mardi à Toulouse, de la réussite "au-delà" de tous les espoirs des expériences qu'il a menées pour le CNES dans la Station Spatiale Internationale (ISS).
"On ne va pas dans l'espace pour agiter un drapeau bleu, blanc, rouge. Il y a des nouvelles techniques, de nouveaux modes opératoires, de nouveaux matériels. C'était vraiment excitant", a affirmé l'astronaute français, lors de la présentation, quatre mois après son retour, des premiers résultats des expérimentations pour lesquels il a souvent "servi de cobaye".
"J'ai été livré aux mains des scientifiques", a plaisanté Pesquet.
Pendant ses six mois dans l'ISS pour la mission Proxima, le Français a travaillé sur sept sujets conçus par le Centre d'aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales (CADMOS), une unité du CNES.
Parmi ceux-ci: un outil de diagnostic de l'eau (AQUAPAD), l'échographie à distance (ECHO), l'analyse des fluides (FLUIDICS), les nouvelles surfaces intelligentes face aux bactéries (MATISS).
"C'est un immense succès, bien au-delà de ce que nous espérions en terme de résultats", s'est félicité Patrick Benarroche, responsable du CADMOS.
"Nous sommes maintenant capables d'embrayer sur la conquête spatiale pour les prochaines années", a-t-il ajouté, prenant l'exemple d'AQUAPAD, pour lequel des discussions sont engagées avec "la NASA pour une utilisation sur des vols de longue durée".
Pour les scientifiques et Pesquet, l'objectif de ces expériences spatiales réside dans les retombées terrestres. Ainsi AQUAPAD a été conçu pour une utilisation en cas de catastrophe afin de vérifier qu'une source d'eau est potable.
L'échographie à distance a elle récemment été testée entre Tours, où était un médecin, et la Guyane. La téléopération est attendue désormais "avec impatience par le monde médical pour des opérations à distance," selon Didier Chaput, responsable scientifique de ce projet, soulignant qu'elle est également intéressante pour suivre l'état de santé des astronautes dans l'espace.
"J'applique la sonde sur mon corps et le scientifique peut suivre les résultats. C'est bien d'avoir le suivi des fluides (sang)", a expliqué Pesquet, en faisant une démonstration.
Les nouvelles surfaces intelligentes de MATISS devraient permettre à terme de définir de nouveaux matériaux moins sensibles aux contaminations bactériologiques qui seront utilisées dans les lieux publics. Un moyen d'éviter la propagation de certaines épidémies telles que Zika, affirme le CADMOS.
Concernant MATISS, une nouvelle expérience est prévue au premier semestre 2018. Maintenant que les matériaux les plus intéressants sont connus, il s'agira de tester leur vitesse de contamination.
Pour Thomas Pesquet, la science avec le CADMOS "ne s'est pas arrêtée quand (s)a capsule a touché terre" mais elle se poursuit encore "un peu avec moi" et surtout avec "mes collègues", l'Italien Paolo Nespoli, actuellement dans l'ISS, puis l'Allemand Alexander Gerst.
"99% de notre vie professionnelle, on est au sol et 1% en l'air", a-t-il rappelé.
Enfin le spationaute français s'est élevé contre l'idée reçue d'une recherche spatiale au coût exorbitant.
"L'ensemble du budget de l'Agence spatiale européenne (ESA), c'est 11 à 12 euros par an et par habitant avec les satellites de communication, de navigation... Nous, nous ne représentons que 10%", a-t-il relevé.
"Et par rapport aux retombées, aux progrès, à l'éducation, ce n'est vraiment pas un prix élevé", a-t-il fait valoir, reconnaissant aussi que la chance de l'Europe est de bénéficier d'un financement ... "majoritairement américain".